«Fais donc comme font les autres.» Le député fédéral et éminent citoyen de Joliette, Georges Baby, l’implore à son frère cadet en 1871. C’était le code de conduite d’une bourgeoisie naissante durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Quiconque veut être considéré comme faisant partie de l’élite, et ainsi contrôler ce centre industriel régional, ne peut déroger d’un ensemble de normes établies. La formation d’une culture propre aux industriels, aux notables, aux marchands et à leurs épouses favorise non seulement leur positionnement au sommet de la pyramide sociale, mais leur donne aussi la légitimité de construire la ville à leur image.

Lysandre St-Pierre vous convie à entrer dans les espaces qu’ils occupent et façonnent au quotidien: le collège classique, l’institut littéraire, les parcs publics, les résidences familiales. Vous pourrez ainsi jeter un coup d’oeil privilégié sur un processus qui représente le travail d’une vie et qui se poursuit même après la mort: la distinction sociale.
Lysandre St-Pierre est titulaire d’une maîtrise en histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Durant ses études, elle a fait un stage au Musée de la civilisation de Québec. Depuis, elle a travaillé à la diffusion de l’histoire dans les musées et lors des célébrations du 375e anniversaire de Montréal. Elle enseigne maintenant en histoire au niveau collégial et à l’Université du troisième âge.
Ce livre a fait parler de lui :
- « Or, plongé dans le livre de St-Pierre, et c’est là l’intérêt de l’histoire sociale, je découvre qu’il y avait des mondes dans le monde de mon passé. […] St-Pierre, rigoureuse, a dépouillé la correspondance de quelques membres de l’élite joliettaine, les journaux locaux de l’époque et les procès-verbaux de l’Institut d’artisans et association de bibliothèque de Joliette, une sorte de pendant local de l’Institut canadien, afin d’étudier la construction de l’identité élitaire, les rapports de genre dans ce groupe et “le rôle de la culture matérielle dans l’affirmation de l’appartenance à ce milieu ”. Pour incarner sa démonstration, elle illustre le parcours de vie d’un couple de l’élite joliettaine entre 1860 et 1910. On peut facilement croire que toutes les bourgeoisies des petites villes québécoises de l’époque ont eu des cheminements semblables. »
Louis Cornellier, Le Devoir - « Lysandre St-Pierre nous révèle dans cet ouvrage ce qui façonne la distinction sociale d’une ville en plein changement. À lire pour mieux comprendre cette époque. »
Marie-Andrée Brière, Revue Héritage - « l’auteure parvient à décrire de manière vivante et juste les rituels qui rythment la vie sociale de l’époque, qu’ils soient attachés au calendrier religieux ou non. […] Le dépouillement des journaux locaux donne une belle profondeur à cette trame et l’analyse des correspondances des familles Tellier et Baby permet à l’auteure de mettre en évidence l’instrumentalisation de ces pratiques rituelles par les élites locales. […] l’auteure livre aux spécialistes un large éventail de représentations de la petite bourgeoisie au tournant du XXe siècle, fruit d’un imposant travail de dépouillement des imprimés de l’époque. L’étude réserve également une place accrue à la dimension matérielle de la culture élitaire, ouvrant de belles perspectives. […] en liant les approches propres à l’histoire, à l’ethnologie et à l’architecture et en prenant le pari des enquêtes de terrain, l’auteure propose une lecture stimulante de la formation de la culture élitaire dans un contexte régional. »
Jean-René Thuot, Revue d’histoire de l’Amérique française
