L’antisémitisme dans les années 1930: Québec et Montréal, deux cas de figure différents?

Les éditions du Septentrion sont heureuses de vous offrir un survol de l’antisémitisme dans la province à l’époque où il devient de plus en plus marqué en Allemagne avec la montée du nazisme. Les pamphlets et déclarations antisémites qu’on recense au Québec au cours de cette décennie sont-ils le fait de quelques individus isolés ou d’une large part de la population? Les villes de Montréal et de Québec entretiennent-elles le même rapport avec leur communauté juive? Quelle place les gouvernements qui se succèdent réservent-ils aux Juifs dans leurs politiques? Comment l’ouverture d’une synagogue à Québec est-elle perçue par les journaux de l’époque?

Ce sont à ces questions et à bien plus encore que répondent les historiens Pierre Anctil et Alexandre Dumas dans cet intéressant échange.


La position du journal Le Devoir à l’endroit de la communauté juive de Montréal et du judaïsme en général représente l’un des enjeux historiographiques les plus discutés de l’histoire juive canadienne. Les travaux rédigés en anglais évoquent souvent Le Devoir comme un exemple patent du repli idéologique et nationaliste du Canada français au cours des années 1930.

Or, aucune étude sérieuse ne semblait jusqu’à aujourd’hui étayer ou réfuter ces thèses. Pierre Anctil s’est donc attaqué à cette question dans ce quatrième ouvrage d’une série d’études consacrées au journal Le Devoir.

Des deux cents éditoriaux consacrés entièrement ou de manière partielle à la présence juive à Montréal, à l’antisémitisme en Allemagne et à la Shoah, soixante ont été retenus et reproduits en entier, en plus d’être commentés. À la lecture de ces textes, on peut percevoir le trouble et la confusion des éditorialistes à l’endroit de la modernité qui s’affirme peu à peu dans le Canada français, en même temps que se dessine un projet de société basé sur de nouvelles formes de solidarité sociale.

Pierre Anctil est professeur titulaire au Département d’histoire de l’Université d’Ottawa, où il enseigne l’histoire canadienne contemporaine. Docteur en anthropologie sociale de la New School for Social Research de New York, ses principaux champs de recherche sont l’histoire de l’immigration au Québec et au Canada et la culture juive de Montréal.

Alors que le Québec est plongé dans la Grande Dépression, l’abbé Pierre Gravel promeut le syndicalisme dans l’industrie québécoise de l’amiante. Son discours radical et sévère à l’endroit des patrons tranche avec celui des autres prêtres qui oeuvrent dans le mouvement ouvrier. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, il encourage les Canadiens français à mener une révolution nationale en s’inspirant des dictateurs européens. Orateur aux idées sociales et nationales arrêtées et parfois dérangeantes, il fait face à l’opposition des gouvernements. 

Antisémite et ultranationaliste, ce réactionnaire prêche pourtant une doctrine sociale qui pouvait être considérée comme « communiste » à son époque et dont plusieurs éléments seront mis en place au cours de la Révolution tranquille, à commencer par la nationalisation de l’électricité. Comment peut-on concilier ces deux écoles de pensée à première vue contradictoires ? Peut-on être à la fois syndicaliste et fasciste ? Le parcours de l’abbé Pierre Gravel contribue à jeter un regard nouveau sur la droite nationaliste québécoise de cette époque tourmentée.

Originaire de Shawinigan, Alexandre Dumas est détenteur d’une maîtrise en études québécoises et étudiant au doctorat en histoire à l’Université McGill. Spécialiste d’histoire religieuse, il a été chargé de cours à l’Université du Québec à Rimouski et à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

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