De récents événements ont ravivé dans l’actualité des débats autour de la censure et de l’autocensure, remettant en lumière les problématiques sociales liées à la liberté d’expression. Nous vous proposons donc de débuter l’année en échangeant et en réfléchissant à la notion de censure dans une perspective historique et sociologique élargie en compagnie de l’ethnologue Pierrette Lafond.
Ensemble, nous nous plongerons dans l’un des rares corpus encore existant d’ouvrages mis à l’Index: l’Enfer de la bibliothèque historique du Séminaire de Québec. Nous verrons comment il permet d’illustrer les mécanismes du cadre censorial d’une part, et, d’autre part, de citer à témoin ces ouvrages révélateurs de l’application d’une censure séculaire, de ses effets et de ses conséquences.

Longtemps soumises à la censure ecclésiastique, des bibliothèques enfermaient les ouvrages mis à l’Index dans une section surnommée Enfer, puisque la simple lecture d’une oeuvre interdite par l’Église pouvait entraîner la damnation éternelle de l’âme. Le concile Vatican II a mis fin, dans les années 1960, à l’application du cadre censorial, entraînant la disparition de ces huis clos et de leurs secrets. Cependant, l’une des rares collections encore existantes se trouve dans la bibliothèque historique du Séminaire de Québec, institution fondée en 1663.
Cette Promenade en Enfer lève le voile sur ces ouvrages interdits jugés immoraux, hérétiques ou dangereux, témoins silencieux frappés par la censure livresque pendant plus de trois siècles qui racontent un volet dissonant et occulté de l’histoire morale et culturelle du Québec.
Détentrice d’une maîtrise en ethnologie et d’un diplôme en documentation, Pierrette Lafond a travaillé au Musée de la civilisation de Québec comme responsable des services de documentation et d’édition. Elle a participé à plusieurs projets de diffusion des livres anciens de la bibliothèque du Séminaire de Québec et a publié de nombreux articles sur le sujet.
